FRENCH VERSION
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Il était une fois, sans faits. Car comment transmettre une histoire que l’on a pas vécu. Quelques dates dispersées sur la toile blanche raconte ce petit village du nom de La Chapelle. À rebours ; un village, une commune, un boulevard. Et nous voici, au numéro quatorze, dans un lieu à la mémoire de mille cinq cent cinquante années. Quelques mètres carrés parcouru entre le moyen-âge et notre année par les pèlerins, les rois, les marchands, les bestiaux, les machines, les artistes. Cette histoire subjective, Marion Flament nous la restitue par la lumière. Elle raconte ce lieu qui n’existe plus pour témoigner, et qui s’immisce comme le souvenir flou d’un événement qu’elle et nous aurions pu, un jour, traverser.
La procession profane débute sur le trottoir où sont couchés les paquets de cigarettes. Elle fait son ascension dans la nef dessinée par l’allée de pavés. Les pas finissent de résonner dans la chapelle sans autel habitée par des sculptures, vestiges. Des indices accumulés dans la matière de l’Histoire qui se confondent dans l’illusion d’accidents naturels ; les roues abandonnées par l'ancien propriétaire du relai de diligences, les amoncellements d’objets marchandés sous les transactions illégales, les clous de charpentes fossilisés pour protéger l’architecture, les vitraux comme reliques de croisades religieuses. La résurrection, ici, n’est pas celle que l’on croit.
Pour révéler l’âme du lieu, Marion Flament fait de la lumière son interprète. Malgré son caractère éphémère, elle fige les instants, instables. Un feu, un reflet, un rayon de soleil l’après-midi. Même dans le noir assoupi se réveille la couleur du jour. Depuis les variations de décor, la lumière entre en scène dans son état symbolique pour annoncer, bénir, accueillir, parfois simplement comme un sentiment. Ainsi, chaque œuvre porte en elle un événement et son atmosphère, par un procédé de fabrication naturel ou artificiel qui laisse l’empreinte du temps. Qui sait si les rayons sont de nature humaine ou divine, qui sait si le verre à été soufflé au passé ou au présent. Sous artifices, les flammes, elles, vécurent longtemps.
Anne Bourrassé
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Il était une fois, sans faits. Car comment transmettre une histoire que l’on a pas vécu. Quelques dates dispersées sur la toile blanche raconte ce petit village du nom de La Chapelle. À rebours ; un village, une commune, un boulevard. Et nous voici, au numéro quatorze, dans un lieu à la mémoire de mille cinq cent cinquante années. Quelques mètres carrés parcouru entre le moyen-âge et notre année par les pèlerins, les rois, les marchands, les bestiaux, les machines, les artistes. Cette histoire subjective, Marion Flament nous la restitue par la lumière. Elle raconte ce lieu qui n’existe plus pour témoigner, et qui s’immisce comme le souvenir flou d’un événement qu’elle et nous aurions pu, un jour, traverser.
La procession profane débute sur le trottoir où sont couchés les paquets de cigarettes. Elle fait son ascension dans la nef dessinée par l’allée de pavés. Les pas finissent de résonner dans la chapelle sans autel habitée par des sculptures, vestiges. Des indices accumulés dans la matière de l’Histoire qui se confondent dans l’illusion d’accidents naturels ; les roues abandonnées par l'ancien propriétaire du relai de diligences, les amoncellements d’objets marchandés sous les transactions illégales, les clous de charpentes fossilisés pour protéger l’architecture, les vitraux comme reliques de croisades religieuses. La résurrection, ici, n’est pas celle que l’on croit.
Pour révéler l’âme du lieu, Marion Flament fait de la lumière son interprète. Malgré son caractère éphémère, elle fige les instants, instables. Un feu, un reflet, un rayon de soleil l’après-midi. Même dans le noir assoupi se réveille la couleur du jour. Depuis les variations de décor, la lumière entre en scène dans son état symbolique pour annoncer, bénir, accueillir, parfois simplement comme un sentiment. Ainsi, chaque œuvre porte en elle un événement et son atmosphère, par un procédé de fabrication naturel ou artificiel qui laisse l’empreinte du temps. Qui sait si les rayons sont de nature humaine ou divine, qui sait si le verre à été soufflé au passé ou au présent. Sous artifices, les flammes, elles, vécurent longtemps.
Anne Bourrassé