BENEDICT BRINK, MARIE DÉHÉ, CLARE SHILLAND
Measure the feeling
GALLERY ODDITTY • PARIS, FR
2022
Exhibition Text
FRENCH VERSION
BELOW ↓
Understanding their own bodies is the first thing they do. The subject is readily available. Photographing themselves, reflected in the mirror, they consider what their models might offer them. A pose. They then observe the distance that is comfortable to them, and to others, between the camera and the subject. They define a space of consent. A physical space, confined between walls or scattered in the landscape - as well as a mental space, which we call trust.
According to Edward T. Hall (1963), intimate distance between two people is six to eighteen inches (about 40 centimetres). It occurs in the smallest range of proximity, after public distance, social distance, and personal distance. Benedict Brink, Marie Déhé and Clare Shilland interpret this intimate space through photographs operating from a more subjective science of feeling. The feeling, among other things, is of tenderness towards their bodies and projected also onto the bodies of other women; their sisters, friends, daughters.
Each image encompasses a single body, or a piece of it. With little formality, they show chins, bellies, breasts, intertwining silent conversations. The collapsed face of a statue cracking under pressure; the bare navel exposed by the flesh that stretches in a landscape of flowing skin; the fleeting look, released, like branches in nature. The photographs are brought together to overcome the loneliness of their frames. Benedict, Marie, Clare - through discovering their affinities and building intimacy with their subjects - have considered all these bodies, close.
Anne Bourrassé
Elles ont commencé par appréhender leurs propres corps. Un sujet immédiat, disponible. Prendre en photographie sa nudité en miroir, pour mieux ressentir ce que d’autres leur offriront. Une pose. Viendra ensuite l’exercice de la bonne distance, pour elles-mêmes, et pour les autres. Entre l’appareil et le sujet, elles définissent un espace du consentement. Un espace physique, confiné entre les murs ou dispersé dans le paysage, et un espace mental, qui prend le doux nom de confiance.
Telle que définie de manière scientifique, la distance intime s’établit à moins de quarante centimètres entre deux personnes en interaction (Edward T. Hall, 1963). Elle intervient dans le plus petit intervalle de proximité, après la distance publique, la distance sociale et la distance personnelle. Dans la traduction photographique de Benedict Brink, Marie Déhé et Clare Shilland, l’intimité opère d’une science, plus subjective, du sentiment. Celui, entre autres, de la bienveillance qu’elles portent sur leurs corps et qu’elles déposent sur le corps de leurs semblables, leurs sœurs, leurs amies, leurs filles.
Pour chaque image, une seule enveloppe, ou son extrait. Avec peu d'apparat, elles rassemblent mentons, ventres, seins, et tissent en échos des conversations silencieuses. Le visage effondré d’une statue qui se fissure sous le poids des standards, le nombril exposé par la chair qui s’étire dans un paysage de peau en mouvement, le regard fuyant qui s’émancipe comme les branchages dans la nature. Les photographies sont réunies pour dépasser la solitude de leurs cadres. Réunies aussi Benedict, Marie, Clare, et toutes ces personnes sur les images qu'elles ont renommées - par la construction d’affinités et d’intimité -, proches.
Anne Bourrassé
BENEDICT BRINK, MARIE DÉHÉ, CLARE SHILLAND
Measure the feeling
GALLERY ODDITTY • PARIS, FR
2022
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Understanding their own bodies is the first thing they do. The subject is readily available. Photographing themselves, reflected in the mirror, they consider what their models might offer them. A pose. They then observe the distance that is comfortable to them, and to others, between the camera and the subject. They define a space of consent. A physical space, confined between walls or scattered in the landscape - as well as a mental space, which we call trust.
According to Edward T. Hall (1963), intimate distance between two people is six to eighteen inches (about 40 centimetres). It occurs in the smallest range of proximity, after public distance, social distance, and personal distance. Benedict Brink, Marie Déhé and Clare Shilland interpret this intimate space through photographs operating from a more subjective science of feeling. The feeling, among other things, is of tenderness towards their bodies and projected also onto the bodies of other women; their sisters, friends, daughters.
Each image encompasses a single body, or a piece of it. With little formality, they show chins, bellies, breasts, intertwining silent conversations. The collapsed face of a statue cracking under pressure; the bare navel exposed by the flesh that stretches in a landscape of flowing skin; the fleeting look, released, like branches in nature. The photographs are brought together to overcome the loneliness of their frames. Benedict, Marie, Clare - through discovering their affinities and building intimacy with their subjects - have considered all these bodies, close.
Anne Bourrassé
Elles ont commencé par appréhender leurs propres corps. Un sujet immédiat, disponible. Prendre en photographie sa nudité en miroir, pour mieux ressentir ce que d’autres leur offriront. Une pose. Viendra ensuite l’exercice de la bonne distance, pour elles-mêmes, et pour les autres. Entre l’appareil et le sujet, elles définissent un espace du consentement. Un espace physique, confiné entre les murs ou dispersé dans le paysage, et un espace mental, qui prend le doux nom de confiance.
Telle que définie de manière scientifique, la distance intime s’établit à moins de quarante centimètres entre deux personnes en interaction (Edward T. Hall, 1963). Elle intervient dans le plus petit intervalle de proximité, après la distance publique, la distance sociale et la distance personnelle. Dans la traduction photographique de Benedict Brink, Marie Déhé et Clare Shilland, l’intimité opère d’une science, plus subjective, du sentiment. Celui, entre autres, de la bienveillance qu’elles portent sur leurs corps et qu’elles déposent sur le corps de leurs semblables, leurs sœurs, leurs amies, leurs filles.
Pour chaque image, une seule enveloppe, ou son extrait. Avec peu d'apparat, elles rassemblent mentons, ventres, seins, et tissent en échos des conversations silencieuses. Le visage effondré d’une statue qui se fissure sous le poids des standards, le nombril exposé par la chair qui s’étire dans un paysage de peau en mouvement, le regard fuyant qui s’émancipe comme les branchages dans la nature. Les photographies sont réunies pour dépasser la solitude de leurs cadres. Réunies aussi Benedict, Marie, Clare, et toutes ces personnes sur les images qu'elles ont renommées - par la construction d’affinités et d’intimité -, proches.
Anne Bourrassé