ADRIEN M. & CLAIRE B.
L'Ombre de la vapeur [The Shadow of Steam]
FONDATION MARTELL • COGNAC, FRANCE
2019
Exhibition review Point Contemporain magazine
FRENCH VERSION
BELOW ↓
"The story begins a year ago, behind the walls of the Martell Foundation, still under construction, in the town of Cognac. After crossing the entrance, doors open onto a huge hall, several central pillars and a blackened concrete structure. Obscure particles are spreading accross the building's surface. The living organism propagating itself in the air is a microscopic fungus called Torula. It feeds on cognac vapours, a regional speciality. The House's former cognac bottling activity has left traces of this natural, peripheral micro-organism, whose presence inspired the artist duo Adrien M & Claire B. Invited to conceive a work for this space, the duo pays homage to the fungus, completely evacuated since, with their immersive and technological installation L'ombre de la vapeur. (...)"
La Nature à l'œuvre
L’histoire commence un an plus tôt dans les murs de la Fondation Martell encore en chantier, dans la ville de Cognac. Après avoir franchi l’entrée, des portes s’ouvrent sur un immense hall, plusieurs piliers centraux et une structure de béton noircie. Une pellicule obscure se propage dans cette surface du bâtiment. L’organisme vivant qui s’y déploie est un champignon microscopique appelé “Torula”, qui se nourrit aux vapeurs de cognac, une particularité de la région. L’activité d’embouteillage du cognac de la Maison a laissée pour vestige ce micro-organisme naturel, périphérique, dont la présence a inspiré le duo d’artistes Adrien M & Claire B. Invité à imaginer une oeuvre pour cet espace, le binôme rend hommage au champignon, évacué depuis, dans l’installation immersive et technologique “L’ombre de la vapeur”.
Plongés dans l’obscurité, les visiteurs se déplacent parmi des projections vidéos de cellules blanches organisées en flux. Sans qu’on ne puisse réellement les associer à une fonction, ces formes organisées glissent du sol au plafond et se contorsionnent sur des squelettes de métal que l’on devine au fur et à mesure que nos yeux s’adaptent à la pénombre. Les particules se déplacent en interaction avec nos mouvements, nous encerclent, s’éloignent sous nos pas tels des constellations magnétiques. Elles nous invitent à prendre place dans l’oeuvre, à faire corps avec l’écosystème mouvant.
Cette symbiose repose sur un dispositif d’une trentaine de vidéo-projecteurs animés en temps réel par des caméras infra-rouge permettant l’interaction de l’oeuvre avec le public. Réalisée par la “compagnie” formée de 40 personnes par Adrien M et Claire B, tous deux se définissent comme “créateurs de spectacles”. Si leur oeuvres fonctionnent principalement sur des procédés numériques avec une architecture de systèmes informatiques spécifiques, elles évoluent néanmoins, comme le vivant. L'obsolescence programmée dû à l’évolution constante de la technologie fait de leurs oeuvres des spectacles de l’éphémère. Une charge poétique qui nous rappelle que la technologie à son cycle, comme la nature.
En écho à l’installation, des vagues de la composition “Cantique du champignon” résonnent, limpides, dans un chant ponctué de voix aux langues étrangères. Dans un mouvement de latence, un sentiment de sérénité nous saisit sans heurt. “Générer des expériences de puissante douceur”, voilà les mots de Claire B dont l’oeuvre “reconfigure notre rapport d’échelle avec l’espace”. Entourés de ces milliards de cellules qui migrent aux battement de nos pouls et de ceux de la musique, l’expérience est totale. Des particules de la taille d’un doigts aux centaines de mètres carrés de l’espace, de l’infiniment petit dans l’infiniment grand, les dimensions spatiales deviennent quasi-cosmiques. De ce théâtre visuel et sonore s’échappe une aura sacrée qui nous transporte dans une chapelle sans religion.
Si le son et l’image fusionnent si naturellement, c’est que la ligne mélodique est tiré de l'interprétation de l’ADN du Torula. Cette création sonore composée par Olivier Mellano s’inspire des principe de la proétéodie, une théorie selon laquelle chaque acide aminé est associé à certaines ondes pouvant être transcrites dans une partition musicale. Ainsi peut-on traduire la mélodie de l’ADN de chaque être vivant.(...)
ADRIEN M.
&
CLAIRE B.
L'Ombre de la vapeur [The Shadow of Steam]
FONDATION MARTELL • COGNAC, FRANCE
2019
Exhibition review Point Contemporain magazine
"The story begins a year ago, behind the walls of the Martell Foundation, still under construction, in the town of Cognac. After crossing the entrance, doors open onto a huge hall, several central pillars and a blackened concrete structure. Obscure particles are spreading accross the building's surface. The living organism propagating itself in the air is a microscopic fungus called Torula. It feeds on cognac vapours, a regional speciality. The House's former cognac bottling activity has left traces of this natural, peripheral micro-organism, whose presence inspired the artist duo Adrien M & Claire B. Invited to conceive a work for this space, the duo pays homage to the fungus, completely evacuated since, with their immersive and technological installation L'ombre de la vapeur. (...)"
La Nature à l'œuvre
L’histoire commence un an plus tôt dans les murs de la Fondation Martell encore en chantier, dans la ville de Cognac. Après avoir franchi l’entrée, des portes s’ouvrent sur un immense hall, plusieurs piliers centraux et une structure de béton noircie. Une pellicule obscure se propage dans cette surface du bâtiment. L’organisme vivant qui s’y déploie est un champignon microscopique appelé “Torula”, qui se nourrit aux vapeurs de cognac, une particularité de la région. L’activité d’embouteillage du cognac de la Maison a laissée pour vestige ce micro-organisme naturel, périphérique, dont la présence a inspiré le duo d’artistes Adrien M & Claire B. Invité à imaginer une oeuvre pour cet espace, le binôme rend hommage au champignon, évacué depuis, dans l’installation immersive et technologique “L’ombre de la vapeur”.
Plongés dans l’obscurité, les visiteurs se déplacent parmi des projections vidéos de cellules blanches organisées en flux. Sans qu’on ne puisse réellement les associer à une fonction, ces formes organisées glissent du sol au plafond et se contorsionnent sur des squelettes de métal que l’on devine au fur et à mesure que nos yeux s’adaptent à la pénombre. Les particules se déplacent en interaction avec nos mouvements, nous encerclent, s’éloignent sous nos pas tels des constellations magnétiques. Elles nous invitent à prendre place dans l’oeuvre, à faire corps avec l’écosystème mouvant.
Cette symbiose repose sur un dispositif d’une trentaine de vidéo-projecteurs animés en temps réel par des caméras infra-rouge permettant l’interaction de l’oeuvre avec le public. Réalisée par la “compagnie” formée de 40 personnes par Adrien M et Claire B, tous deux se définissent comme “créateurs de spectacles”. Si leur oeuvres fonctionnent principalement sur des procédés numériques avec une architecture de systèmes informatiques spécifiques, elles évoluent néanmoins, comme le vivant. L'obsolescence programmée dû à l’évolution constante de la technologie fait de leurs oeuvres des spectacles de l’éphémère. Une charge poétique qui nous rappelle que la technologie à son cycle, comme la nature.
En écho à l’installation, des vagues de la composition “Cantique du champignon” résonnent, limpides, dans un chant ponctué de voix aux langues étrangères. Dans un mouvement de latence, un sentiment de sérénité nous saisit sans heurt. “Générer des expériences de puissante douceur”, voilà les mots de Claire B dont l’oeuvre “reconfigure notre rapport d’échelle avec l’espace”. Entourés de ces milliards de cellules qui migrent aux battement de nos pouls et de ceux de la musique, l’expérience est totale. Des particules de la taille d’un doigts aux centaines de mètres carrés de l’espace, de l’infiniment petit dans l’infiniment grand, les dimensions spatiales deviennent quasi-cosmiques. De ce théâtre visuel et sonore s’échappe une aura sacrée qui nous transporte dans une chapelle sans religion.
Si le son et l’image fusionnent si naturellement, c’est que la ligne mélodique est tiré de l'interprétation de l’ADN du Torula. Cette création sonore composée par Olivier Mellano s’inspire des principe de la proétéodie, une théorie selon laquelle chaque acide aminé est associé à certaines ondes pouvant être transcrites dans une partition musicale. Ainsi peut-on traduire la mélodie de l’ADN de chaque être vivant.(...)