JULIE JOUBERT
MIDO
LA GALERIE DU JOUR AGNÈS B. • PARIS, FRANCE
2021
Exhibition Text
FRENCH VERSION
BELOW ↓
[...]
Ahmed se fait appeler Mido. Deux noms pour deux vies. C’est Ahmed qui a fui le Maroc avec sa demande d’asile, Ahmed aussi sur les registres de police. Ce sera Mido pour son rêve, celui d’être mannequin. Dans le centre de réinsertion pour jeunes en difficulté de Meaux où Julie le rencontre pour la première fois, il pose pour son objectif. Elle le retrouve en 2019. La séance durera un an.
La chronologie des événements est incertaine. Pour cause, l’absence fréquente de contexte autour d’Ahmed. Il est seul, ou presque, à habiter les images qui défilent avec lui dans une série biographique. Le cadrage serré reflète la contrainte d’un quotidien en semi-liberté. À travers de multiples procédés, Julie Joubert capture des extraits d’Ahmed par différents temps de poses, différents rythmes, sous différents objectifs. Elle tire le portrait de cette errance physique et mentale depuis le quartier de Marx Dormoy à Paris où il est saisi dans des images à l’arraché, jusqu’à la cellule de Fresnes. Pour ne pas perdre le lien, elle opère avec lui une transaction d’images qu’il lui envoie depuis la prison.
Dans les tentatives de révéler son ambition de modèle, Ahmed se livre. Sous la coiffure, sous les vêtements, il peut se débarrasser d’une autre réalité qui le rattrape. Changer de posture et s’arrêter quelques heures pour contredire une personnalité instable. Avec l’apparition de ses images contrôlées, Julie brouille les pistes entre Mido et Ahmed, entre la fiction et le documentaire. Des portraits d’archives tirées par l’administration pénitentiaire complètent la série, avec une suite de chiffres qui signe la séparation définitive de la photographe avec son sujet ; Ahmed, Mido, 305 900.
Anne Bourrassé
JULIE JOUBERT
MIDO
LA GALERIE DU JOUR AGNÈS B. • PARIS, FRANCE
2021
Exhibition Text
MIDO, Exhibition view, Galerie du Jour Agnès B., Paris © Julie Joubert
FRENCH VERSION
BELOW ↓
[...]
Ahmed se fait appeler Mido. Deux noms pour deux vies. C’est Ahmed qui a fui le Maroc avec sa demande d’asile, Ahmed aussi sur les registres de police. Ce sera Mido pour son rêve, celui d’être mannequin. Dans le centre de réinsertion pour jeunes en difficulté de Meaux où Julie le rencontre pour la première fois, il pose pour son objectif. Elle le retrouve en 2019. La séance durera un an.
La chronologie des événements est incertaine. Pour cause, l’absence fréquente de contexte autour d’Ahmed. Il est seul, ou presque, à habiter les images qui défilent avec lui dans une série biographique. Le cadrage serré reflète la contrainte d’un quotidien en semi-liberté. À travers de multiples procédés, Julie Joubert capture des extraits d’Ahmed par différents temps de poses, différents rythmes, sous différents objectifs. Elle tire le portrait de cette errance physique et mentale depuis le quartier de Marx Dormoy à Paris où il est saisi dans des images à l’arraché, jusqu’à la cellule de Fresnes. Pour ne pas perdre le lien, elle opère avec lui une transaction d’images qu’il lui envoie depuis la prison.
Dans les tentatives de révéler son ambition de modèle, Ahmed se livre. Sous la coiffure, sous les vêtements, il peut se débarrasser d’une autre réalité qui le rattrape. Changer de posture et s’arrêter quelques heures pour contredire une personnalité instable. Avec l’apparition de ses images contrôlées, Julie brouille les pistes entre Mido et Ahmed, entre la fiction et le documentaire. Des portraits d’archives tirées par l’administration pénitentiaire complètent la série, avec une suite de chiffres qui signe la séparation définitive de la photographe avec son sujet ; Ahmed, Mido, 305 900.
Anne Bourrassé